Les plus vieux échantillons de papier connus sont composés de lin et de chanvre. Ils ont été retrouvés en Chine et datent de deux siècles avant Jésus Christ. Les secrets de fabrication du papier ne parviendront en France que peu après 1300. La Bretagne les connaîtra vers 1500. Le lin et le chanvre ne seront supplantés par le coton qu'au 19ème siècle, avant que le bois n'accompagne le développement exponentiel du papier industriel.
La fabrication du papier se faisait principalement par recyclage de vieux tissages - chiffons, cordes… - de lin et de chanvre récupérés par le chiffonnier-colporteur appelé "pilhaouer" en Bretagne. La collecte des chiffons représentait un revenu complémentaire pour les familles de paysans installés sur des terres arides.
Les ateliers du Moulin de Kereon (Scop "Papier relié" en Finistère), qui restaurent livres et œuvres anciennes, apprécient l'extraordinaire conservation des papiers majoritairement composés de lin ou chanvre jusqu'au XVIII siècle. Les qualités techniques de ces deux fibres (résistance mécanique, haute tenue aux rayons ultra-violets et à l'humidité, faible attaque parasitaire...) assurent en effet une longévité remarquable à notre patrimoine papier.
Le Moulin de Kereon est aussi l'un des derniers lieux de création de papier d'art en Bretagne. Il utilise exclusivement le lin et le chanvre qui ont fait preuve de leur pérennité dans les œuvres du passé.
Cette démarche de création s’inscrit dans une ligne à la fois respectueuse des matières naturelles et innovante dans les techniques de fabrication du papier. Des papiers sont créés sur mesure, tant pour des travaux d'artistes que pour des architectes de décoration intérieure.
