Le chanvre (Cannabis sativa) est une plante herbacée annuelle à feuilles palmées.
Originaire d’Asie centrale, le chanvre a été domestiqué dès le Néolithique. Les plus anciennes traces de culture se trouvent en Anatolie et datent de 850 ans avant JC. Il s’est ensuite répandu sur tous les continents. Attesté en Bretagne dès le IXe siècle, son exploitation se développe à partir du XIIIe siècle.
Le nom latin cannabis, signifiant « deux tiges », rappelle que le chanvre est une plante dioïque ; elle possède des plants mâles et femelles séparés. Il existe plusieurs variétés de chanvre dont certaines contiennent des substances psychotropes. En France, les semis sont pratiqués à la fin avril. Le chanvre se développe sur une période d’environ 120 jours et peut atteindre une hauteur de 3 à 4 m. Les tiges sont ensuite arrachées ou coupées. Aujourd’hui, la culture de variétés de chanvre certifiées (les variétés de chanvre industriel ont une teneur maximum autorisée de 0,2 % de THC) est soumise à déclaration officielle.
De la famille des fibres libériennes, il contient plus de 75% de cellulose et 10 à 12% de lignine (contre respectivement 60% et 30% pour le bois). C’est la plante la plus performante pour la production de biomasse sur terre (10 tonnes par hectare en 4 mois contre environ 1,5 tonne par hectare par an pour le bois).
Les fibres sont situées en périphérie des tiges, elles forment une couronne de faisceaux entre l'écorce et les tissus conducteurs. Chaque faisceau comporte entre une à trente fibres élémentaires.
Le chanvre est au départ une espèce dioïque, c'est à dire possédant des plants mâles et des plants femelles différents. Il comprend, à des degrés divers, une molécule, le tétrahydrocannabinol (THC) qui est également un composant de la variété cannabis.
Depuis les années 1960, l'INRA et la Fédération nationale des producteurs de chanvre mettent au point des cultivars monoïdes, disposant sur le même pied des fleurs mâles et femelles, à faible teneur en THC (inférieure à 0,2%), permettant ainsi sa culture légale et son utilisation industrielle.
Actuellement plus de 80 variétés de chanvre industriel sont présentes au catalogue européen des espèces et variétés, dont 9 au catalogue officiel français, inscrites au code de la santé publique, pouvant être cultivées en France. Certaines variétés étrangères, inscrites au catalogue communautaire, sont également autorisées. Les variétés se distinguent essentiellement par leur précocité.
Cultivé pour sa tige et sa graine, le chanvre est une plante annuelle de la grande famille des Urticales qui compte 4 000 variétés classées en 4 sous-familles dont les orties. Généralement haut de 1 à 2 m, certaines variétés atteignent de 3 à 5 m.
La totalité de la plante a une odeur forte et désagréable.
- Sa tige est droite, rigide, rugueuse, cannelée et nue jusqu'au 8/10 de sa hauteur. Le plant possède une racine pivotante de 15 à 30 cm de profondeur, relativement petite par rapport à la taille de la plante. Les racines secondaires sont abondantes et peuvent s'étendre entre 10 et 60 cm dans le sol.
- Les feuilles au long pétiole sont vertes, minces, dentées et palmées avec 5 à 11 folioles inégales, disposées de façon diamétralement opposée de part et d'autre de la tige.
- Les fleurs vertes, mâles à 5 étamines, femelles munies d'une bractée, sont présentes sur des plantes différentes sur les plantes dioïques et depuis les années 1960 ensemble sur les monoïdes. Les fleurs mâles dégagent des nuages de pollen et se flétrissent ensuite tandis que les fleurs femelles, qui y sont présentes à 90-95%, se fécondent et mûrissent sur une plus longue période, donnant des fruits lisses avec graines nommées chènevis.
Après rouissage des tiges, la paille du chanvre cultivé donne la fibre qui est à la périphérie de la plante, une fois cardée devient la laine de chanvre ou chanvre tout court. La partie centrale ou moelle de la plante est nommée chènevotte.
La culture du chanvre est écologique à différents niveaux comme le lin :
les herbicides, fongicides, insecticides ne sont pas nécessaires ou en très faible quantité.
c'est un réservoir de biodiversité, car il favorise les insectes pollinisateurs, les auxiliaires des cultures et constitue une zone refuge pour la faune sauvage.
son système racinaire développé et puissant contribue à limiter fortement le lessivage du nitrate vers les nappes phréatiques et les cours d'eau.
Culture à haut rendement en biomasse, le chanvre fixe une quantité importante de Co2 dans la paille. Les produits à base de chanvre ont ainsi un effet positif sur la réduction des gaz à effet de serre
Il a laissé son souvenir dans de nombreux lieu-dits : chenevière, canebière ... et se rencontre parfois à l'état sauvage, s'étant échappé des cultures.
On ne peut établir le jalonnement de l'histoire du chanvre sans évoquer l'utilisation de sa fibre comme son usage médicinal ...
1 500 ans avant notre ère : un texte sur papyrus mentionne l'utilisation médicale du chanvre , indiquant l'huile de chènevis pour soigner les inflammations vaginales.
(au début de notre ère, le plus ancien traité en matière médicale mentionne le cannabis dans la catégorie des drogues destinées à prolonger la vie, à alléger le corps comme celui d'un immortel chevauchant les nuages. Un médecin botaniste grec décrit le chanvre de la manière suivante "... [ il ] permet de tresser des cordes très solides... mangé en grande quantité, il empêche de concevoir des enfants. Le jus de la plante verte est bon contre le mal d'oreille [ ... ]")
du IIe au IIIe siècle : les Romains introduisent la culture du chanvre en Gaule, avec celle du seigle, de la gesse et de la vesce. La fouille archéologique de la villa de St-Romain-de-Jalionas en Isère met à jour plusieurs sites de rouissage du chanvre. Mais d'autres découvertes, tant à Marseille que dans le Lot, laissent supposer qu'il était présent en Gaule, bien avant la romanisation.
En Chine, à l'époque des Han, le grand chirurgien Hua Tuo réalise des opérations sous anesthésie par usage médical du chanvre.
IXe siècle : Charlemagne, qui encourage la culture du lin, le fait également pour le chanvre, considéré comme une denrée stratégique, gage de prospérité, en raison des nombreuses utilisations permises par sa fibre : vêtements, cordages, voiles.
du IXe au XIIIe siècle : des pollens fossiles ont permis de savoir que la culture du chanvre se développe en Bretagne au IXe siècle, prenant de l'importance au XIIIe siècle. Les vêtements royaux occidentaux sont souvent constitués de chanvre et de lin.
A la même époque, les invasions arabes atteignent l'Afrique du Nord, l'Espagne l'Italie puis la France, amenant avec eux les techniques de fabrication du papier, transmises par les Chinois, où le chanvre prend sa place. Celui-ci contribue au développement de cette nouvelle invention qui sert à la diffusion du Coran mais également de nombreux textes de portées scientifiques, mathématiques, astronomie, médecine...
L'abbesse allemande Hildegarde de Bingen (1098-1179) cultive du chanvre parmi les simples, dans le jardin de son couvent. Elle préconise son usage pour combattre les nausées et contre les douleurs d'estomac.
du XIVe au XVIe siècle : à la Renaissance, les tribunaux de l'Eglise et de l'Inquisition condamnent le chanvre. Cette décision va contribuer à marginaliser un savoir populaire ancestral en matière de plantes.
XVIIe et XVIIIe siècles : les navires n'ont que la force du vent pour se propulser. Un navire de taille moyenne utilise par an 60 à 80 tonnes de chanvre sous forme de cordages, câbles, haubans et 6 à 8 tonnes de voiles. Colbert créée en 1666 la Corderie royale associée à l'arsenal de Rochefort-sur-Mer, assurant l'approvisionnement en chanvre national. La région de Noyal-sur-Vilaine ainsi que Locronan ont également joué ce rôle pour la Bretagne.
Par ailleurs, Jacques Cambry qui parcourt le Finistère à la fin du XVIIIe siècle écrit que les habitants des montagnes d'Arèes sèment du chanvre qu'ils emploient sans l'exporter. Ils sont vêtus de toile et de berlinge, étoffe faite avec du fil de chanvre et de laine, tissée localement. Le chanvre est pour eux la plante que chaque agriculteur peut semer, récolter et utiliser pour ses besoins propres (vêtements, cordes). Le chanvre y est donc omniprésent mais en petites quantités.
Diderot et d'Alembert, dans leur Encyclopédie, disent que toutes les parties du chanvre exhalent une odeur forte, très désagréable. Les émanations qui se dégagent des chènevières causent des vertiges , des étourdissements, une sorte d'ivresse. Les feuilles de la variété indica servent en Orient à la préparation du haschich.
XIXe siècle : le lin comme le chanvre occupent chacun jusqu'à 300 000 ha de culture puis subissent peu à peu une concurrence sévère du coton et des textiles synthétiques pour les vêtements, ainsi que de la cellulose des arbres pour la pâte à papier.
XXe siècle : recherche et mise au point, dans les années 1960, de variétés en très faible teneur de THC permettant l'essor de la culture industrielle du chanvre. A partir de 1971, la CEE encourage financièrement la culture du lin et du chanvre par les agriculteurs pour la production de fibres dans le cadre de l'organisation commune de marché (OCM). Dans les années 1970, l'augmentation du prix du pétrole favorise l'émergence de nouveaux débouchés et favorise un rebond de la culture. Depuis la fin du siècle, les préoccupations environnementales tendent à stimuler le développement de la filière chanvre en Europe.
La réglementation concernant l'usage du chanvre à usage thérapeutique est toujours en débat.