Les activités de production linière et chanvrière telles que le rouissage, le teillage, le blanchissage et le tissage ont laissé de nombreuses traces dans le paysage breton.
Le territoire géologique de l'ouest de la Bretagne étant argileux et riche en eaux de surface, le rouissage en bassin y a été privilégié. Ainsi, des réservoirs maçonnés ou non, de tailles variables, alimentés par des sources ou ruisseaux à faible débit ont été construits partout où il y en avait besoin, suivant la particularité des terrains. Ceux-ci sont souvent éloignés des lieux d'habitation afin de les protéger des effluves nauséabondes produites par le rouissage.
Différents noms sont donnés à ces bassins à rouir selon la langue usitée dans le territoire concerné :
Les bassins sont présents en grand nombre dans le Trégor costarmoricain (près de 4000 éléments) où la culture du lin a été maintenue jusqu’au début du XXe siècle. Aujourd'hui, des associations, dont Skol ar C’Hleuzioù, les retrouvent dans un état de conservation variable et les restaurent afin de témoigner de l'importance de l'activité au sein de cette zone géographique.
Après le rouissage et le séchage, il s’agit de procéder à la dessiccation complète de la plante afin de libérer les fibres textiles des éléments ligneux. Au cours du XIXe siècle, des fours ont été spécialement conçus à cet effet dans les campagnes du nord-Ouest de la France (Eure, Indre-et-Loire, Maine-et-Loire, Mayenne, Orne, Sarthe...). A ce jour, seuls deux exemples de fours à chanvre ont été recensés en Ille-et-Vilaine et plus précisément dans le pays de Saint-Brieuc-des-Iffs. Nous pouvons donc imaginer qu’en Bretagne ce processus était plus fréquemment effectué dans les fours à pain existants.
Plus la toile est blanche, plus sa valeur augmente. Cette opération est effectuée différemment d'un territoire à l'autre. Dans le nord-Finistère, ce sont les écheveaux de fil de lin qui sont blanchis, alors que dans les Côtes d’Armor c’est la toile qui subit ce traitement.
La concentration de ces éléments sur ces deux territoires prouve l’importance de cette activité.
Le tissage est soit pratiqué chez l’artisan lui-même, soit, lorsqu’il est fait appel à un tisserand itinérant, dans un bâtiment ou une pièce dédié à cette activité chez le commanditaire.
La modestie des maisons de tisserand témoigne de la rudesse et de la précarité de cette activité.
La pièce dans laquelle est placé le métier à tisser doit comporter un taux d’humidité important afin d’éviter la casse du fil. Un filet d’eau y coule parfois sous des dalles de schiste. Dans la terre battue du sol, une cavité sous le métier permet d’accueillir les pédales, facilitant les gestes de l’artisan.
Au début du XIXe siècle, les négociants installent des "ateliers ruraux" dans les campagnes, signe d’un souci de rationalisation de cette activité, prélude à la mécanisation.
À partir du XIXe siècle, des ateliers plus importants sont construits permettant d'accueillir des machines mécaniques et la main d’oeuvre capable de les faire fonctionner dans une nouvelle organisation du travail.
Répartis dans les campagnes, le long des rivières ou en bordure des villes, ce patrimoine comprend :
Ainsi, la Société linière du Finistère installe ses locaux sur les bords de l’Élorn à Landerneau, profitant de la force hydraulique de la rivière pour actionner ses turbines.
Un abondant patrimoine mobilier servant au traitement des fibres et du fil ou à entreposer les richesses engendrées par le commerce, est conservé dans les musées ou les collections particulières :